Le 27 juin 1963 était posée la première pierre d’un nouveau quartier, Brest II, aujourd’hui Bellevue, 18000 habitants. Des centaines de familles vivaient encore dans des cités de baraques édifiées après la guerre.
C’est en 1959 que la Ville de Brest avait décidé de créer une Zone à Urbaniser en priorité (ZUP). Celle-ci allait donner naissance au futur quartier, sur un site exceptionnel de 180 hectares, à proximité du centre- ville et près de la Penfeld.
La construction de Brest II porte un projet ambitieux de ville nouvelle : programmes de logements privés et sociaux, immeubles et maisons individuelles, appartements confortables et lumineux, équipements collectifs (commerciaux, culturels, sociaux, administratifs), création de l’université qui fait charnière entre le centre et la ZUP.
Jeune et moderne, le quartier attire et compte jusqu’à 20 000 habitants dans les années 1980.
Toutefois, dès les années 1970, la contestation s’élève contre la densité des constructions et le manque d’espaces verts ou de jeux. La nouvelle équipe municipale, élue en 1977 grâce aux voix de Bellevue, entend les revendications des habitants. Mais partout l’image des « grands ensembles » se dégrade, les classes moyennes les quittent. A Bellevue, les groupes punks comme HLM et Al Kapott traduisent le malaise.
Dans les années 1990-2000, la Ville engage de vastes programmes d’amélioration : la place Napoléon III est réaménagée, le centre commercial totalement rénové. Le Conservatoire, l’école des Beaux-arts s’implantent à Bellevue. Si le quartier est apprécié de ses habitants, il mérite d’être mieux connu à l’extérieur.
C’est l’histoire de cette ville nouvelle, Brest II, que retrace l’exposition
1 - BELLEVUE AVANT BELLEVUE
« Les rives de la rivière de Penfeld sont solitaires, on y voit cependant d’espace en espace des jardins, de jolies bastides où les laborieux habitants de Brest se reposaient les jours de fête. C’est au fond de cette rivière qu’existait le fameux Saint Guignolet [Saint Guénolé], et cette cheville éternelle, si favorable à la fécondité. »
(Voyage dans le Finistère, 1794-1795, Jacques Cambry)
« Là, ne voyant plus rien qu’une vallée tourbeuse, mais entendant encore le murmure confus de la mer et la voix des hommes, je me couchais au bord de la petite rivière, tantôt regardant couler l’eau, tantôt suivant des yeux le vol de la corneille marine...Je tombais dans la plus profonde rêverie... » (Mémoires d’Outre-Tombe, 1841, Chateaubriand)
« Une bonne fée de Brest qui était de mes amies…voulut bien mettre à ma disposition un modeste manoir qu’elle possédait aux environs de la ville…un manoir à vrai dire bien délabré…Il était situé à Quizac…en pleine Arcadie, dans cette campagne de Brest qui était, de mon temps, pleine de douceur et de verdure…c’est vraiment là que j’ai connu la Bretagne, la vraie, avec tout son charme d’aïeule que rien n’avait atteint jusqu’alors. Je vivais en cette Thébaïde, avec mes livres et mes rêves, dans la plus parfaite tranquillité…j’avais pour voisins des paysans léonards, tout simples et primitifs, et qui vivaient à quelques centaines de mètres de Brest, sans rien connaître de la ville. En marge de la civilisation… » (André Chevrillon, académicien, 1888)
2-LA GENESE DE LA ZUP
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la plupart des immeubles de Brest sont détruits ou très endommagés. La reconstruction commence et dans l’immédiat, les Brestois sont accueillis dans des logements précaires et de grandes cités provisoires. Mais la ville nouvelle, moins dense que celle d’avant-guerre, ne permet pas de loger autant d’habitants. En 1959, 18 000 personnes vivent encore en baraques. Alors que la natalité explose et que le retour de la Flotte de Toulon, qui concerne plus de 10 000 personnes, est imminent, la crise du logement s’intensifie. Le maire, Georges Lombard, réussit à obtenir de l’Etat la réalisation d’une ZUP (Zone à Urbaniser en Priorité), entérinée en 1960. Les ZUP, lancées en 1959, constituaient une réponse nationale à la crise du logement par la création de quartiers modernes pourvus de commerces, d’écoles et de services publics. A Brest, les élus décident de construire ce nouveau quartier au nord de la ville, là où vivaient encore de nombreuses familles dans les baraques du Bouguen-Bergot.
3-L’EDIFICATION DE « BREST II »
Alors que Kerbernier est achevé depuis 1960, les travaux de la ZUP commencent en 1963, après la construction du pont Robert Schuman. Celui-ci, en reliant le Bouguen à Brest, permet l’édification de ce nouveau quartier à proximité du centre-ville, à 900 m seulement de la place de la liberté. L’architecte-conseil Henri Auffret prend le parti de respecter le relief de ce site exceptionnel dominant la Penfeld.
4-« LE COEUR DE BREST II COMMENCE A BATTRE »
Ce n’est pas un hasard si les élus brestois considèrent d’emblée la place Napoléon III comme le centre névralgique du quartier. Situé à l’intersection des différents secteurs de la ZUP et le long de l’avenue Le Gorgeu, cet espace multifonctionnel unique à Brest, riche d’équipements nouveaux comme la patinoire, est appelé à devenir le principal pôle d’attraction et d’animation de Brest II. Cette place Napoléon III prend vie progressivement au début des années 1970.
5-LA MONTEE DE LA CONTESTATION DANS LES ANNEES 1970
Alors que Brest II avait toujours été présenté comme une réalisation exemplaire, la presse locale et même la SEMAEB (Société d’Economie Mixte pour l’Aménagement et l’Equipement de la Bretagne) relèvent de nombreuses imperfections au début des années 1970. Parallèlement de nombreux habitants se mobilisent pour défendre leur cadre de vie. Le manque d’espaces verts et d’équipements, l’augmentation rapide des loyers, la trop grande densité de l’habitat, les abus des promoteurs sont les causes de leur colère. Des comités plus politisés viennent rapidement rejoindre les associations de défense des habitants.
Un véritable bras de fer s’engage entre la ville et ces structures militantes, transformant en quelques années un quartier calme en symbole de l’opposition municipale. La contestation ne s’atténue qu’après 1977 avec l’élection d’un conseil municipal de gauche.
6-LA QUÊTE D’UN QUARTIER A DIMENSION HUMAINE
En 1977, la liste d’union de la gauche « Brest Espoir », menée par Francis Le Blé, remporte les élections municipales de seulement 32 voix. Dans la seule ZUP, elle en compte 1 500 d’avance. La nouvelle équipe est donc très attentive à l’avenir de ce quartier où résident tant d’électeurs, de militants et d’élus.
Rapidement, l’arrêt des constructions est décidé et une concertation est établie au sujet de la destination des terrains libérés. Malgré quelques frictions concernant le devenir du terrain de l’avenue de Provence, le cadre de vie est désormais au centre des préoccupations et l’aménagement des rives de Penfeld en est la meilleure illustration.
7- ANNEES 1980/1990
UN QUARTIER EN CRISE A LA RECHERCHE D’UNE IDENTITE.
Les derniers aménagements du quartier s’achèvent dans les années 1980, mais l’atmosphère a changé. La crise est là, le mouvement militant s’étiole, les classes moyennes désertent Bellevue et le commerce décline. Au coeur de ce grand ensemble qui n’a plus la cote, la fermeture des Nouvelles Galeries, en 1990, apparaît comme un coup de grâce.
Malgré tout, l’image de Bellevue demeure très positive auprès de ses habitants, ce qui conduit les autorités à tenter de l’entretenir en réhabilitant le commerce et l’habitat et en valorisant son histoire et ses racines. Cependant, les causes profondes du mal demeurent.
8- UN NOUVEL HORIZON POUR BELLEVUE
Malgré les mesures prises dans les années 1980/1990, la situation de Bellevue continue lentement de se dégrader. Le quartier vieillit et se paupérise, le déclin des centres commerciaux se poursuit, des écoles ferment. Le quartier exige désormais une intervention en profondeur.
L’image vieillissante doit être contrebalancée par la construction d’équipements modernes, en particulier une nouvelle patinoire et une place centrale entièrement repensée. L’entrée du quartier devient plus séduisante, d’autant que l’aménagement de l’axe nord/sud ouvre encore davantage Bellevue sur la ville.
La rénovation totale du centre commercial comme l’aménagement de locaux dans l’ancienne école du Bergot pour l’école supérieure d’art et le Conservatoire rendent le quartier plus attractif. D’autre part, le rattachement du secteur pavillonnaire de Lanrédec à Bellevue modifie l’image du grand ensemble uniforme.
9 – SPORTS ET LOISIRS
10 – L’ART A BELLEVUE
11 – BELLEVUE LA VERTE
12 – L’ENSEIGNEMENT : L’UNIVERSITE A BELLEVUE
Grâce à la conviction et à la ténacité de trois professeurs du lycée de Brest, Yves Le Gallo, Eugène Berest, et Robert Gravot, qui était en outre adjoint au maire, Brest obtint, en 1959, la création d’un collège universitaire scientifique, vite suivi d’un collège littéraire. Construits sommairement à l’emplacement de l’actuelle faculté Victor Segalen, ils déménagèrent tour à tour sur le plateau du Bouguen au cours des années 1960, où ils constituèrent l’embryon de l’université de Bretagne occidentale.